J'avais rendez-vous dans l'après midi avec Lysea. Ça faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vue. On devait se retrouver au Butterbeer Mug. Elle m'avait dit qu'elle finissait de travailler à une heure. Elle devait me rejoindre vers une heure et demie. J'étais en avance, pour une fois, je pouvais bien l'attendre. J'allais m'installer au bar. A peine installée, un homme complètement saoul vint vers moi. Je soupirais. Je savais déjà ce qu'il venait faire. Le striptease était souvent confondu avec le fait de vendre son corps...Et ça avait le don de m'agacer. Je le laissais parler un moment, il fit genre qu'il voulait me connaître. Et au moment où je vis Lys' passer la porte, il me demanda combien je prenais au lit. « Hein? Mais de quoi tu parles? Je comprends pas, tu dois te tromper de personne... » Il dit à Lysea qu'il n'était pas contre un plan à trois. Quel culot! Je pouvais laisser passer le fait qu'il me prenne pour une prostituée, mais qu'il y entraine ma meilleure amie, c'était hors de question. « Vas te faire foutre! Je t'interdis de lui parler comme ça. » Lys' sortit sa baguette, je baissais doucement son bras de ma main, et lui dis calmement : « Non, laisse...Il n'en vaut pas la peine! » Je descendis du tabouret, la pris par les épaules, et l'entrainais un peu plus loin, lançant un regard noir à l'homme. Nous nous installons à une table. Je lui souris, et lançais : « Alors, comment tu vas depuis le temps? » Il fallait que je lui enlève l'image de cet homme de la tête, avant qu'elle ne commence à se poser des questions, à ME poser des questions. Sinon, j'étais en danger. Certes, je me détestais de lui mentir, mais elle ne devait en aucun cas découvrir tout ce que je lui cachais...mes problèmes de drogue, d'alcool, mon métier..

Lysea me raconta qu'elle vivait toujours dans la maison de ses parents, qu'elle n'avait pas souhaité la vendre après l'accident qui leur avait coûté la vie. Elle me dit aussi qu'il faudrait que je rencontre Skylann, la fille qu'elle hébergeait en ce moment, et qui ressemblait à Blüe-Ann. Je souris brièvement, et répondis calmement : « Ah bon? Oh, j'ai hâte de la rencontrer! Je passerais chez toi, un de ces quatre. Comment ça se fait? Tu fais famille d'accueil? Moi? Oh ben ça va, rien de spécial. Ah si, j'ai revu ma mère l'année dernière. Je peux pas te dire que ça s'est vraiment bien passé... » Je m'arrêtais, je m'étais aventurée dans une piste dangereuse. Pourquoi lui avais-je dit ça? Comment mentionner ma mère et sa visite sans me trahir...J'inspirais un bon coup, et continuais mon histoire. « ...on s'est violemment disputées. Parce que ça faisait cinq ans qu'elle ne m'avait donné aucune nouvelles. Et là, elle a débarqué sans prévenir, et faisait comme si on s'était quittées la veille. Je pouvais pas laisser passer ça, je lui en voulais trop. Donc je lui ai dit ce que je pensais. Enfin, tu me connais, quoi. » Je n'avais pas la moindre idée de ce que j'étais en train de faire. Tout ce que je lui disais, tout ce que je lui dirais de ma vie serait un mensonge. Parce que si elle savait, ne serais-ce qu'un tout petit détail, elle saurait tout. Je n'avais donc pas d'autre choix que de lui mentir, sur toute la ligne. J'étais consciente que le jour ou elle découvrirait le pot aux roses, ça serait pire. Mais j'étais incapable de tout lui avouer. J'avais honte. Certes, c'était ma meilleure amie, j'étais censée tout lui dire. Mais ça, même si certaines personnes étaient au courant, je ne pouvais pas lui dire.
Elle me sortit de mes pensées en demandant : « Roxe, je suis désolée de te demander ça mais ça me titille. Pourquoi tu as réagi uniquement quand ce gros porc à insinué que j'étais une prostituée ? Je veux dire tu l'as laissé t'insulter avant jamais tu ne l'aurais pas laissé parler ainsi .... ». Sur le coup, je ne su pas quoi dire. Mais il fallait que je trouve vite quelque chose. Sinon, quoi que je dise, ça ne serait pas crédible. Heureusement que j'étais bonne menteuse, et que j'arrivais, en général, plutôt bien à me tirer des situations périlleuses. C'est pour ça que je répondis, l'air étonnée. « Ah, ça. J'ai rien dit pour moi, parce que l'autre jour j'ai croisé une prostituée me ressemblant. Donc il a probablement confondu, tout simplement. Je n'allais pas l'engueuler pour ça...Tout le monde fait des erreurs. Par contre, je ne supportais pas le laisser parler comme ça de toi. Je crois que même si tu avais réellement été prostituée, je ne l'aurais pas laissé te traiter de cette manière. Comme une vulgaire trainée. » Je grimaçais, et ajoutais: « T'inquiète pas, c'est normal que tu me demande ça. Je m'en doutais. » Je lui souris.

« Ah oui, je comprends ce n'est pas très cool de sa part, mais c'est ta mère elle te pardonnera... En ce qui concerne ta question, non je ne fais pas famille d'accueil, mais un soir quelques temps après mon retour, j'ai entendu un cri et je l'ai vu. Elle était sur le point de se faire violé par un gros lourdaud du genre à celui qui était au bar. Je l'ai sauvé et au départ j'ai cru que c'était Blüe-Ann, je te jure elle avait la même expression qu'elle, le même regard, j'ai cru qu'elle avait survécu. Je sais que c'est complètement stupide, mais après la mort de mon petit frère à l'hôpital personne n'a jamais voulu me montrer les dépouilles de ma soeur et mes parents, alors j'ai espéré que ce soit elle. Puis, j'ai réalisé que j'étais ridicule, mais je n'ai pas voulu la laisser partir du coup elle vit chez moi. » Lysea semblait croire mon histoire. Seul son regard la trahissait. Et merde! Si elle se mettait à douter de moi, j'étais foutue. Je haussais les épaules quand elle me dit qu'elle me pardonnerait. Je n'en étais pas aussi sure qu'elle. Mais bon, c'était toujours possible. « Tu as toujours un aussi grand coeur, à ce que je vois. Toujours prête à aider les autres, dans n'importe quelle situation. Tu es une personne formidable, tu sais? » C'était fou à quel point elle aimait sa soeur. Elles étaient toujours en train de se prendre la tête, de son vivant. Mais l'amour qu'elles avaient l'une pour l'autre était indescriptible. Lysea avait beau le cacher, elle avait toujours souffert de la mort de ses parents, de son frère et de sa soeur. Elle continua : « Ah d'accord... Alors, raconte-moi qu'est-ce que tu as fait depuis mon départ ? T'as un petit-ami ? » Je souris, et répondis cette fois, franchement. « Hmm, rien de spécial. Quand aux petits amis, je n'en ai pas. J'en ai eut quelques uns, mais rien de bien sérieux. Je suis pas prête à me poser vraiment avec quelqu'un. Et toi? »